"Dans les bois éternels" de Fred Vargas
Deux hommes sont retrouvés égorgés, une trace de piqure dans le bras. Les Stups veulent l'affaire mais le commissaire Adamsberg s'y oppose. Les vieilles mamans des deux garçons sont formelles, ils ne se droguaient pas. C'est donc une enquête pour la criminelle.
Et quelle enquête! On va de rebondissements en rebondissements. C'en est même parfois un peu trop tiré par les cheveux. Mais ce qui fait le charme de ce roman c'est le style de Fred Vargas. Une écriture fine, drôle, savante. Des chapitres courts, des personnages loufoques, des dialogues savoureux... Et une sacrée dose de culture en filigrane.
"Le chat se déplaçait au sein de la Brigade de point en point de sécurité, de genoux en genoux, du bureau d'un brigadier à la chaise d'un lieutenant, comme on traverse une rivière sur des pierres sans se mouiller les pieds. Il avait amorcé sa vie gros comme un poing, en suivant Camille dans les rues, il l'avait poursuivie sous la protection d'Adrien Danglard, qui avait été contraint d'installer l'animal à la Brigade. Car le chat était incapable de se débrouiller seul, tout à fait dénué de cette autonomie un peu méprisante qui fait la grandeur du félin. Et bien que mâle entier, il était l'incarnation de la dépendance et du sommeil permanant. La Boule, puisque tel l'avait appelé Danglard en le recueillant, était aux antipodes d'un animal totem d'une brigade de flics. L'équipe se relayait pour gérer cette masse de poils, de molesse et de crainte, qui exigeait qu'on l'accompazgne pour aller manger, boire ou pisser. Encore avait-il ses préférences, Retancourt se trouvant nettement en tête. La Boule passait l'essentiel de ses jours à deux pas de son bureau, étendu sur le capeau tiède de l'une des photocopieuses."