LE PROCES de Franz Kafka

Publié le par Loupiote

J’ai quelques lacunes en matière de classiques de la littérature. En voilà une de résolue. Cela ne s’est pas fait sans peine. Dire que j’ai ramé est un euphémisme. Mais j’en suis venue à bout à force de persévérance et je ne suis pas peu fière de moi (et soulagée aussi). Désormais je pourrais placer un « on se croirait dans le procès de Kafka » dans les conversations, ce qui fera dire à mes amis : « dis-donc, elle est cultivée, Loupiote ! ». Le comble du raffinement sera de m’exclamer : « c’est totalement kafkaïen » avec l’air de celle qui sait de quoi elle parle et que seuls peuvent prendre ceux qui ont lu Kafka. Pouvoir briller en société me console de mes efforts.

 

 

 

Cette lecture a été pour moi une déception. Tout le monde a l’air si emballé, les critiques sont si élogieuses, que j’aurai voulu aimer ce livre moi-aussi. Déjà parce qu’il y a longtemps que je ne me suis pas enthousiasmée pour un livre et aussi parce qu’il est délicat de dire d’un livre considéré comme un chef d’œuvre, « c’est une m… ». En l’occurrence, je ne pense pas que celui-ci soit une m… mais je dois bien avouer que le personnage de Joseph K. m’a irrité au début, puis ennuyé. Il ne s’intéresse guère à son procès et du coup, moi non plus. L’écriture détachée de l’auteur y est peut-être pour quelque chose. Il aurait tout aussi bien pu parler de l’élevage des huîtres dans le bassin d’Arcachon.

 

 

 

Pourtant l’histoire est terrifiante. Cet homme qui se lève un matin pour découvrir qu’il est accusé mais ne sait pas et ne peut pas savoir pourquoi. Cette justice inaccessible et opaque qui « n’accuse jamais à la légère » et donc n’acquitte pas. Ces tribunaux dont on ignore où ils se trouvent, ces grands avocats que l’on ne peut pas solliciter. Et ce Joseph K. qui semble accepter son sort avec désinvolture ou fatalisme. L’œuvre de Kafka m’a parut aussi froide que la justice qu’elle décrit.

 

 

 

Il n’est pas impossible que je me sois inconsciemment fermée à cette lecture tant le postulat de départ me parait révoltant et inacceptable. D’ailleurs, en écrivant ces lignes, je me rend compte que j’ai été plus ébranlée que je ne l’aurai cru pendant ma lecture. En fait, la machine judicaire telle que celle décrite dans le roman est abominable et fait froid dans le dos, mais je n’ai ressenti aucune empathie, aucune compassion pour Joseph K. Peut-être était-ce le but de Kafka, rendre l’humain insignifiant, misérable à côté du rouleau compresseur judiciaire. Si tel est le cas alors je dis oui, ils très, très fort ce Franz K.

 

 

 

En conclusion, je dirais que je suis sûre de ne pas avoir détesté ce livre mais que je ne sais pas si je l’ai aimé. Il faut peut-être que je lui laisse du temps, que je le digère, qu’il fasse son chemin dans mon inconscient et qu’il y trouve sa place. En tout cas, pour moi, se fut une lecture difficile.

Publié dans Je lis des livres

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
Je crois qu'un des tous premiers articles que j'ai écrit sur le Golb, c'est sur Emily Brontë et ça s'appelait "A quoi servent les classiques ?"...c'était peut-être même le premier, faudrait vérifier...
Répondre
L
A chacun son chef-d'oeuvre maudit à ce que je vois ! :-D
Répondre
G
Anne, rassure-toi, j'ai feuilletté "En attendant Godot" dans une librairie dans une période "avalons des classiques, IL LE FAUT", je n'ai pas eu la force d'aller plus loin... La honte me consumait, te lire me délivre un peu de cette pression.
Répondre
G
C'est vrai elle est géniale ta critique. J'ai beaucoup ri et je garde exactement le même souvenir de lecture que toi du Procès ! Pénible, disons... mais tu as raison, je vois que tu positives toujours, briller en société est une bonne motivation, et pouvoir dire " c'est kafkaïen" à des gens qui croient que tu viens de découvrir un dérivé de la cuisine Thaï, c'est  valorisant. Bises et merci d'avoir lu Kafka et de nous avoir raconté ça.
Répondre
C
Ca m'est arrivé aussi. Un livre que plein de gens encensaient (de Jean Echenoz, pour  ne dénoncer personne), et puis moi..qui n'avais rien ressenti. Je me suis dit: t'as encore rien compris! Et puis j'ai réfléchi: un livre c'est spécial, ça nous parle bien différemment à tous, et du coup, la période de la lecture, l'atmosphère et l'humeur du moment jouent un grand rôle dans notre appréhension de l'oeuvre... Bon en même temps, Jean Echenoz, je trouve ca ultra nul... (voilà ca fait des années que je voulais le dire c'est sorti!)
Répondre